⇦RetourLe Temps Mesuré Pourquoi cet
exposé sur le temps, sur ce site consacré au prieuré St Michel du Connexe
? Simplement parce que le prieuré était d'obédience bénédictine, c'est à dire
devant respecter la règle de St Benoît. A Le besoin de mesurer
le temps dans les monastères:
Lors de l’écriture de sa règle ST Benoît vers 530, décida que les moines dans les monastères devaient prier tous en même temps. Il estimait en effet que la prière collective était plus forte que la somme des prières individuelles. Les
offices étaient célébrés à trois heures d’intervalle et se
nommaient; - Pendant
les heures majeures que sont les heures de nuit : Matines vers
minuit, Laudes vers
3 heures, Vêpres vers
18 heures. L’église avait fixé ces horaires en fonction des textes de la Bible : "La nuit je me rappelle ton nom, ô Éternel...", "A minuit, je me lève pour te célébrer...", "Je devance l'aurore et je t'invoque..." La règle disait que manquer les offices ou y arriver en retard était une faute grave ! Miniature d’un manuscrit de 1450 ( BN ) Parler d’heures vers l’an mille, veut dire des durées de temps variables en fonction des saisons. Elles sont plus courtes en hiver qu’en été. Le mot « heure » signifie à l’époque autant la durée, que la prière. Le fameux livre "Les Très Riches Heures du duc de Berry" en est un exemple. Certains textes étaient écrits pour que leur lecture dure un certain temps. Dans les monastères au Moyen-age le sacristain était le gardien du temps. Il était chargé d’avertir les moines de l’imminence d’un office par la sonnerie d’une cloche. C'est donc grâce à St Benoît que la mesure du temps devient pour les moines, très tôt, un objectif important. Pour remplir son rôle, le sacristain devait avoir quelque outil. B Comment mesurer le temps ?
I Du cadran solaire à
la lampe à huile: Les anciens avaient la notion du temps puisqu'ils savaient que le soleil revenait à la même
position tous les ans et ils avaient repéré les solstices. Ils avaient une idée
de la seconde basée à l'origine sur la durée moyenne
d'un battement de cœur humain. Soit 86 400 battements de cœur humain par jour
terrestre. Mais comment quantifier tout cela, comment
mesurer le temps ? C'est la nuit que
furent réalisées les premières mesures du temps. Les égyptiens (-3000
ans) observant le déplacement des étoiles avaient divisé la nuit en
décans et selon leur position en fonction des saisons déterminaient les
dates des cérémonies religieuses. Dans la journée ils utilisaient le gnomon
mais le modernisèrent en cadran solaire. Cet outil était réservé aux
grands prêtres et au Pharaon. Le cadran de Thutmosis III Image du plus vieux cadran solaire égyptien retrouvé. Depuis
longtemps le cadran solaire donnait l’heure. C’est l’ombre d’un stylet placé au
soleil qui se déplace sur un plan où sont, selon sa position, calculés et
gravés des traits, repères des heures. Depuis les Babyloniens la journée était
divisée en douze car ils comptaient dans cette base. Le cadran solaire de l’abbaye de Sénanque au-dessus du cloître. Il suffisait de
le regarder régulièrement. Les cadrans solaires étaient placés pour capter le
soleil le plus longtemps possible. On trouve dans certains monastères
trois, voire quatre cadrans solaires autour du cloître pour échapper aux ombres
de leur environnement. Mais la nuit et les
jours de nuages comment faire ? Il existait un appareil, la clepsydre ou
horloge à eau. C’est un outil qui utilise et ce, depuis les Grecs qui l’avaient
développé, l’écoulement régulier d’une certaine quantité d’eau. Une clepsydre Un pot plein d'eau se vide par un petit trou. Lorsqu’il est vide le
temps de parole de l’orateur est terminé ! Temps de parole égal, mais mesure du
temps incertaine ! Dans les régions froides ( à cause du gel) ou sans eau comment faire ? C’est l’utilisation du
sablier que tout le monde connaît pour avoir fait cuire des œufs à la coque au
moins une fois dans sa jeune vie ! On mesurait les trois minutes grâce à un
sablier ! C’est l’écoulement régulier de sable sec, fin et homogène d’une
ampoule supérieure à une ampoule inférieure par un petit trou calibré. Lorsque
l’ampoule supérieure est vide l’ensemble est retourné et le comptage reprend.
Plus les ampoules sont grosses plus la durée est importante. Pas de soleil, pas d’eau, pas de sable, l’imagination de l’homme est
sans fin. La bougie qui
brûle en un certain temps en est un bel exemple. Il suffit de graver le long du
corps de la bougie de petits repères. De petits clous enfoncés régulièrement le
long du corps de la bougie tintent lorsqu’ils tombent. La lampe à
huile dont le réservoir est gradué et dont on lit le niveau en est
un autre exemple. Connaissant l’heure d’allumage on en déduit l’heure
actuelle. Au fil du temps la clepsydre s’est améliorée au point d’être munie
d’un flotteur qui déclenchait la sonnerie d’une cloche, dès le 13 ième siècle. Il
suffisait d’alimenter le pot du haut par un petit débit d’eau grâce à
la gravitation. Le pot du bas se vidait automatiquement par un siphon. On
avait dès lors un fonctionnement continu de jour comme de nuit. L’appel du sacristain et donc des moines était réalisé. Les offices pouvaient dans les monastères se dérouler au
même moment, la force de la prière était maximale.
II Les horloges A la fin du 13 ième siècle le flotteur de la clepsydre est remplacé par un poids suspendu au
bout d’une corde enroulée sur un tambour, et
l’écoulement de l’eau remplacé par un système de
poids avec un régulateur de vitesse entraînant des rouages en fer.
Les premiers régulateurs : de petites palettes tournant dans l’air freinent la
rotation. Puis l’échappement est inventé. C’est un système qui bloque une roue
pendant un temps donné par la rotation d’un système à inertie. L’échappement
régulait la descente du poids. Une roue à encoches déclenchait la sonnerie de
la cloche. Le sacristain n’avait plus qu’à remonter régulièrement le
poids. Se posait donc le problème du calage des horloges car les cadrans
solaires donnaient des durées d’heures différentes en hiver et en été. L’heure
juste n’était vraie qu’au solstice. L’horloge elle, donnait des durées égales
en toute saison. Horloge à l'intérieur de la cathédrale de Florence 1443 Ce tableau
représente A droite détail de
l’horloge située en haut à droite du tableau, dans l'angle de la corniche.
Cette horloge comme celle de Florence a plusieurs particularités classiques à
l’époque. Elle n’a qu’une seule aiguille pour donner l’heure la précision n'est
pas suffisante pour que la mesure des minutes soit significative. Un cadran
gradué de 1 à 24 heures. Le 24 et le 1 sont dans le bas du cadran et l'aiguille
tourne dans le sens inverse des aiguilles d’une montre d’aujourd’hui. Ce sens avait été
choisi par observation de la rotation de l'ombre du stylet sur le cadran
solaire. Lorsqu'on est devant un cadran solaire mural,
l'ombre du stylet tourne de la gauche vers la droite.
L'aiguille indiquant l'heure a imité l'ombre du stylet en tournant
dans le même sens. Pourquoi
aujourd'hui, les aiguilles tournent elles désormais dans le sens horaire
?
Cadran gradué de 1 à 24, dans le sens antihoraire actuel Dans la cathédrale de Rodez le cadran de dans la cathédrale de Florence daté de 1443. cette horloge datée vers 1530 est gradué
de 1 à 12 deux fois dans le sens
horaire Vous
remarquerez que les chiffres romains sur les cadrans d'horloge représentant la
quatrième heure sont écrits avec quatre barres. Ceci n'est pas de l'époque
romaine et provient du fait que le IV et le VI romain sont symétriques. Le
vrai IV pouvait être interprété comme VI car à
cette époque n’oublions pas que peu de personnes savaient lire ! Mais quid du IX et du XI ? La précision de ces horloges était loin de ce que l’on connaît aujourd’hui.
L'aiguille horaire était toujours unique. Elles sonnaient un peu chacune leur
tour, au point qu’au XIV ième siècle, le roi Charles V demande "qu’à Paris toutes les horloges
sonnent en même temps pour que le bourgeois s’y retrouve" ! Toutes
devaient sonner sur la référence de celle qu'il avait faite installer au palais
royal dans la tour de l'horloge.
III Les pendules
C'est en 1638 que
Galilée publie la théorie du pendule et charge son fils de la réalisation d'une
horloge à poids et pendule qu'il a conçue. Cette pendule ne fut jamais construite suite
à la mort de celui-ci. Les horloges devinrent des
« pendules » et furent plus précises. La précision passa de une
heure par jour à quelques minutes et l'aiguille des
minutes se justifia. L’église
maîtrise l’heure et organise la vie de tous, par des sonneries régulières qui
rythment la vie de tous les jours. Dans les plus lointaines campagnes
l’angélus du matin envoyait le paysan dans son champ et celui du soir le
ramenait vers son foyer. Les édifices publics laïcs s’équipent eux aussi
petit à petit pour contre-balancer la main mise de l’église sur la vie sociale.
Les châtelains, les bourgeois, les riches possèdent de plus en plus leur
propre pendule d'intérieur. La mesure du temps n'est plus l'apanage de
l'église. Si les
religieux sont à la base de la création des horloges se sont les forgerons et
les armuriers qui les construisent. Les premières
horloges étaient fabriquées en fer, matériau en plein développement. Dans
les premières chartreuses, en particulier en Dauphiné, on travaillait le fer
c’est donc dans ces lieux que se sont en premier développés les horloges. Puis
les pendules furent fabriquées par des mécaniciens qui devinrent les horlogers
car capable de maintenir les anciennes horloges et de créer les nouvelles
pendules puis les montres petites merveilles de mécanique. Et puis le
temps s’accélère… les dimensions des pendules diminuent : elles entrent sous
forme de montres dans la poche à gousset, enfin passent au poignet de nombreux
utilisateurs de plus en plus pressés et de nos jours les « montres »
électroniques à base de quartz se jettent facilement… Trouverons-nous au Prieuré Saint Michel la trace d’un cadran solaire ? Jean Escaron
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