An 1000 : Contexte de l’implantation du Prieuré En ce temps là, la géographie, les techniques
de l’agriculture, l’instruction de la population, tout était différent.
L’histoire avance. Il faut se remettre dans l’esprit de l’époque pour se
faire une idée sur le pourquoi et le comment de la construction d’un prieuré à
cet endroit.
Histoire locale : Des chevaliers paysans se sont
installés vers l'an mil (1008 ?) au lac de Paladru sur la commune de Charavines
au lieu-dit Colletière (Isère).A l'époque, le niveau du lac était plus bas qu'aujourd'hui
et une soixantaine de colons ont construit un habitat fortifié en bois sur une
plage de craie. Ces personnes étaient certainement envoyées par l'archevêque de
Vienne pour défendre la zone frontiére que constituait le lac de Paladru en ce
temps là. Ces paysans étaient agriculteurs et éleveursmais aussi
artisans(travail du bois, du tissu, du cuir, du fer, ...) et chevaliers. Leur
position stratégique sur le lac les obligeait à une seconde mission, la défense
du territoire. L'eau du lac est montée progressivement et, en 1040, les
chevaliers-paysans ont quitté leur habitat fortifié, laissant leur emprunte
dans le limon.
Maquette des habitations de Paladru
(1040)
Dessin du monastère de Cluny III (1080)
On
remarque grâce à ces reconstitutions la différence notable de moyens entre les
paysans de Paladru et les moines de Cluny !
A cette époque Cluny, dont le prieur parle d’égal à égal avec le pape, avait sous son obédience les prieurés de Domène et de Vizille. L’abbaye de Saint-Chaffre en Velay qui est un rameau bénédictin concurrent, a installé des communautés de moines dès 1012 à Saint-Laurent de Grenoble et en 1035 à Vif. Les Bénédictins sont donc implantés dans la région. Géographie : La géographie n’est pas la même que de nos jours.
La vallée de l’Oisans est sous les eaux d’un lac depuis la fin de l’ère
glaciaire. La présence du lac a créé des passages obligés et les voies
cheminent en altitude pour éviter l'eau qui occupe la vallée. En raison des
pluies et d'orages importants les deux torrents de l'Infernet et de la Vaudaine
se rejoignent dans le lit de la Romanche et forment, en 1191, un barrage de
matériaux hétérogènes. Saint Laurent est inondé. Mais dans la nuit du 4
septembre 1219 la retenue se rompt et la ville de Grenoble est en partie
détruite. Le récit le plus complet est l’œuvre de l'évêque de Grenoble Jean de
Sassenage...
Le Drac torrent impétueux zigzague dans toute la largeur de sa vallée. Il n’y a
pas de barrages pour réguler son débit, ni de digues pour fixer son cours. Les
cheminements passent sur les crêtes.
Agriculture : Les invasions barbares des normands,
sarrasins et hongrois se terminant vers 950 le renouveau de l’activité
économique commence à s’affirmer. Des perfectionnements techniques viennent
bouleverser les pratiques agricoles des campagnes. C’est par exemple la
meilleure utilisation de la force hydraulique.Les cours d’eaux sont barrés, des
moulins créés. L’outillage fait également des progrès. Le fer remplace le bois
pour les parties actives des outils, les rendant plus utiles.
Les animaux sont mieux attelés ce qui les
rend plus productifs. Ainsi le cheval est équipé d’un collier d’épaule ce qui
le rend plus efficace. Le joug des bœufs passe du garrot aux cornes ce
qui utilise mieux les forces de l’animal. Une révolution se produit aussi dans
l‘agriculture. L’irrigation progresse. Le cycle des cultures passe de la
rotation biennale héritée des romains, au rythme triennal. La terre produit
deux années sur trois ce qui augmente considérablement le rendement. L’avoine a
remplacé l’orge. Elle est consommée sous forme de bouillies et elle peut
également nourrir les animaux. Tous ces progrès sont certes lents à
gagner toutes les régions mais les grandes exploitations seigneuriales et
monastiques y participent.
Cheminements: Toutes ces évolutions techniques
renouvellent la vie rurale. Les corvées exigées par les seigneurs s’allègent et
sont remplacées par des taxes en argent. Pour chaque paysan la récolte, étant
plus abondante sur la même surface, il peut en vendre une partie et donc en
tirer un profit. Cela lui permettra de mieux alimenter sa famille tout en
versant les taxes. Après l’an mille les famines deviennent plus rares La
population commence à s’accroître. Le défrichement augmente et les propriétaires
(seigneurs ou couvents) proposent aux ‘jeunes’ de nouvelles terres à
exploiter. C’est donc aux environ de l’an 1000 que vont se développer les
échanges entre seigneuries. De grands marchés locaux et régionaux apparaissent,
sur lesquels les paysans peuvent vendre leurs excédents, et où l’on voit se
développer également le commerce des biens de luxe. Ces échangent mettent de
plus en plus de monde sur les chemins et les routes qui se développent. On n’y
voit encore que des piétons et des bêtes de somme qui transportent les
marchandises dans des sacs ou sur des bâts. Ces chemins ont des points de
passage obligés tels les gués, les pas ou cols ou les cheminements en crête
dans les montagnes pour éviter les crues des rivières. Les haltes sont
possibles dans les auberges, les abbayes et les maisons–Dieu qui se
construisent Le niveau de vie augmentant, les taxes étant liées à
la production, les seigneurs sont de plus en plus riches et entreprennent des
voyages. Pour beaucoup, le pèlerinage devient un prétexte au voyage.
Il existe trois pèlerinages principaux : Le Saint sépulcre ( les
croisades), Rome et St-Jacques de Compostelle. Tous ces voyageurs emportent
pour payer de la ‘monnaie’ qui remplace’ le troc’ lorsque l’on restait entre
soi ! Jusqu’alors les populations vivaient en grande partie de manière
autarcique, leurs ressources provenant essentiellement de leur environnement
immédiat.
L’Ecole :
Au début du Moyen-Age, la plupart des écoles se trouvaient dans
les monastères. A la fin du VIIIe siècle, Charlemagne a encouragé la création
d’écoles en dehors des monastères, il souhaitait qu’un plus grand nombre
d’enfants puisse apprendre à lire, à écrire, à compter et à réciter des
prières.
La Féodalité : La pratique établie avant l'an 1000 (la
vassalité, remise d'un bénéfice) ainsi que l'affaiblissement du pouvoir royal
sont les fondements du système féodal qui se met en place petit à petit.
Toutes ces évolutions ne se sont pas produites sans heurts : violence féodale, révoltes paysannes, contestations universitaires et bouillonnements hérétiques ont ponctué cette période. Devant les troubles, le faible ou vassal se recommande au seigneur et lui jure fidélité. Les rois qui ont besoin de cavaliers donnent une terre aux seigneurs. En contre partie, ceux-ci prêtent serment de fidélité au roi, leur suzerain. Les chevaliers vont réussir au XI e et XII e siècle à intégrer la noblesse, tandis que, dans les villes, la bourgeoisie laborieuse réussit à accéder au pouvoir communal.
La religion : Le christianisme s'est diffusé
largement, dans l'Europe médiévale. Les monastères sont de plus en plus
puissants et développent des maisons filles. Ils sont riches par leurs propres
revenus et par les dons que leur font les seigneurs pour racheter leurs fautes
ou gagner des indulgences. Avec le but de servir d’abri ou de relais, les
communautés religieuses développent, pour augmenter leur influence, de petites
communautés sur les itinéraires de plus en plus fréquentés.
L’architecture : L’architecture
de l’époque est classée aujourd’hui sous le
vocable d’architecture romane. On n’ajoute rien
d’essentiel à la vieille
basilique « romaine » de forme
rectangulaire, mais on en développe tous les
éléments.
Forme des basiliques romaines
et
romanes
Evêque bénissant un marché
La forme
de l’église est déterminée :
c’est une croix latine, dessinée par la nef et le
transept. A la
charpente en bois on substitue la voûte en pierres en arc de
cercle. Les
colonnes qui supportent les arcs sont typiquement cylindriques,
plaquées sur
les piliers et surmontées de chapiteaux souvent sculptés
avec des
représentations d'animaux ou de plantes ou encore de
scènes bibliques. L'église romane, avec ses murs
percés
d'étroites fenêtres cintrées, son clocher qui
dresse sa masse, trapue
traduit exactement l'esprit chrétien du Moyen-Age. Il est
marqué d'une
empreinte d'austérité un peu sombre, de foi robuste, mais
d'idéal sobrement et
fortement exprimé.
La construction : Le matériau
le plus couramment utilisé, dans
l'Europe médiévale pour la construction
d'importants ouvrages, est la pierre. L'architecte dresse
des plans et réalise parfois une maquette.
Près d'un millier d'hommes travaillent sous
sa direction pour édifier une cathédrale. La
pierre est extraite d'une carrière par les
carriers. Les blocs sont acheminés
sur le chantier et ils sont posés avec du
mortier à la chaux. Les sculptures importantes
sont faites sur place. Des échafaudages en
bois sont utilisés pour la construction
ainsi que des grues manœuvrées par des ânes ou même des hommes et destinées à hisser les pierres. Les outils du maçon sont à peu près les mêmes que de nos jours : scies, ciseaux, coins et maillets. Dans
les campagnes les architectes sont évidemment moins connus et ne lancent que de
petits édifices, mais avec la même foi, les même moyens techniques et sans
doute le même type de main d’œuvre qui va d’un chantier à l’autre.
La mesure du temps : De nos jours nous n'avons aucun problème
pour être à l'heure à nos rendez-vous. Grâce à nos montres à quartz, nous
connaissons l'heure exacte ! Mais en l'an mille comment faisait-on ? Après
m'être posé la question, j'ai développé une petite étude que vous
trouverez dans le chapitre :
" Le temps mesuré " Le Prieuré : Le
prieuré Saint Michel fut construit au XI ième siècle, entre 1050 et 1070,
peut être sur les ruines d’une ancienne chapelle. Nous n’en sommes pas sûr mais
la crypte y fait penser. L'Eglise de St-Michel de Connexe, désignée dans le
cartulaire de Saint-Chaffre sous le nom de Sancti Michaelis de Conissa, fut
fondée par un seigneur du nom de LANTELME, au Xle siècle.
"Sunt in eodem pago et aliae possessiones et ecclesiae monasterio nostro subditae, inter quas locus Sancti Michaelis congruens et aptus religioni satis habetur : est autem non longe a Vico, super fluvium qui dicitur Dravus, in latere montis qui dicitur Conissa, quem construxit in propria possessione quidam nobilis vir nomine Lautelmus ; ubi post mortem suam sepulturam accepit, relinquens eidem loco praedia et ecclesias, non solem in eodem episcopatu, sed etiam in Vapincensi et Maurienensi positas...". "... parmi lesquelles, le lieu de St-Michel apparaît convenable et apte à la vie religieuse ; il est non loin de Vif, au-dessus du fleuve appelé Dravus (Drac), sur le flanc de la montagne qui est dite Conissa. Un homme noble du nom de LANTELME le construisit en pleine propriété. Il y reçut la sépulture après sa mort, laissant à ce même lieu des biens-fonds et des églises, situées non seulement dans ce diocèse, mais aussi dans ceux de Gap et de Maurienne...". Le texte ci dessus écrit en latin, est traduit dans le mémoire de Gérard Cardin. L’église du prieuré Saint Michel de Connexe est conforme aux constructions de l’époque et nous en expliquerons la nef, le transept, l’abside et enfin ce qui en fait une originalité la crypte. Ce relevé que nous devons à M
Bornecque date de 1964 et montre le plan approximatif du prieuré.
Jean Escaron
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